Tiko : 19 morts et 76 blessés face à l’indifférence du Gouvernement

18 octobre 2013

Tiko : 19 morts et 76 blessés face à l’indifférence du Gouvernement

 

Malgré l’extrême gravité de l’accident de la circulation survenu samedi dans cette ville, aucun membre du gouvernement ne s’est rendu sur place. Le président de la République, Paul Biya lui, s’est rendu à Rome pour une visite au Vatican sans laisser un mot aux victimes.

Depuis samedi 12 octobre 2013, la ville de Tiko est en état de choc. 19 morts et près de 76 blessés sont sortis d’un accident de la circulation entre un camion transportant des employés de la Cameroon Development Corporation (CDC) et un autre transportant du sable avec un seul pot de phare en bon état. Le choc a été d’une rare violence, des camerounais ont été décapités, éventrés, broyés, le lieu de l’accident s’est transformé en une boucherie humaine. Les travailleurs surchargés comme tous les matins dans leur camion qui se rendaient dans les plantations de la CDC ont été sauvagement balancés sur le bitume après la violente collision. Les habitants de cette petite ville agricole n’avaient que leurs yeux pour pleurer. Le Directeur de la CDC, Franklin Njie reste en larmes, sa société est paralysée.

Partout dans cette ville anglophone du Cameroun, la colère des  habitants est débordante, ils se sentent délaissés. La route qui traverse cette ville aurait pu être élargie depuis longtemps, si le gouvernement camerounais manifestait un peu de volonté, pensent-ils. Pire encore, même face à cette tragédie qui meurtrit tous les camerounais dans leur âme, aucun membre du gouvernement n’est descendu jusque-là au chevet des familles endeuillées et des accidentés. Aucune lettre de condoléance jusque-là du gouvernement de Philémon Yang à la Cameroon Development Corporation (CDC), le plus grand employeur de la zone qui perd un nombre important d’employés.

Depuis le début du mois d’octobre, et même bien avant, l’axe Douala-Tiko est devenu un véritable mouroir.  En un mois, on ne dénombre pas moins de 35 morts sur cette route vitale pour l’économie du Cameroun. Les populations qui vivent déjà dans la psychose ont beau accuser l’étroitesse de la chaussée, le racket organisé par des policiers devant s’assurer du bon état des véhicules qui y circulent et du respect du code de la route par les usagers, la désinvolture des autorités plutôt intéressées par leur bonheur personnel que par le destin des nombreuses personnes qui dépendent d’elles. Mais toujours rien. Le Cameroun, c’est le Cameroun, comme le dit si bien une ritournelle absurde qui ne sert qu’à consoler les masses.Accident Tiko

Photo: cameroun24.net

Un ministre n’est pas n’importe qui

Je me demande pour qui travaillent le Ministre des Transports, le délégué général à la Sureté Nationale, le Ministre de l’administration territoriale, le président de la République même et son gouvernement quand ils ne peuvent pas se déplacer vers les populations en détresse ; lorsqu’ils ne peuvent pas prendre des mesures décisives après des catastrophes ?En France (si vous me le permettez), lorsqu’il y a  une telle tragédie, le Ministre de l’Intérieur se présente sur le lieu dans les heures, voire les minutes qui suivent, le chef de l’Etat, toujours visible, s’exprime dans les minutes qui suivent sur le sujet lorsqu’il ne se déplace pas… des manifestations de soutien aux victimes bien encadrées par le gouvernement sont organisées partout dans le pays, parfois, le deuil national est décrété… Mais Paul Biya s’est rendu à Rome ce mercredi 16 octobre 2013, 4 jours après l’hécatombe, sans laisser de mot.

« Mon ami, tu rêves », me fait comprendre un de mes compatriotes.  « Qui t’a dit qu’au Cameroun, on rencontre un ministre n’importe comment ? Sa personnalité est trop importante pour qu’il se présente n’importe où. La place des ministres, c’est dans les colloques, des réunions budgétivores, des cérémonies fastes où leur culte de la personnalité est assuré et où il y a des personnalités de leur rang. Tu es sérieux quand tu cites jusqu’au président de la République ? Tu sais combien d’hommes, quelle préparation il faut pour qu’il fasse un déplacement ? Est-ce que le président se déplace n’importe comment ? Tu sais depuis combien de temps, on l’attend pour la pause de la première pierre pour la construction du deuxième pont sur le Wouri ? La tribune devant l’accueillir a été construite, détruite puis reconstruite et on l’attend toujours. Sais-tu combien de temps les populations de Buea l’attendent pour la célébration du Cinquantenaire de la Réunification qui devait normalement avoir lieu en 2011 ? » Ajoute-t-il. Nos regards dépités se sont soudainement croisés. Et comme si c’était programmé, chacun a secoué la tête pour marquer sa déception. Une déception partagée par la plupart des camerounais qui ont encore en mémoire, les 6 morts sur l’axe Douala-Nkongsamba, mercredi 09 octobre 2013, sans compter ceux qui, presque tous les jours se laissent leurs vies sur le national numéro 1, l’axe Douala-Yaoundé. Le mutisme des autorités face à ces nombreuses tragédies frise quelque fois le cynisme.

Wiliam Tchango

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